(Download) "Comment je devins auteur dramatique" by Alexandre Dumas " Book PDF Kindle ePub Free

eBook details
- Title: Comment je devins auteur dramatique
- Author : Alexandre Dumas
- Release Date : January 19, 2019
- Genre: Reference,Books,
- Pages : * pages
- Size : 569 KB
Description
Je venais dâavoir vingt ans, lorsque ma mĂšre entra un matin dans ma chambre, sâapprocha de mon lit, mâembrassa en pleurant, et me dit : â Mon ami, je viens de vendre tout ce que nous avions pour payer nos dettes. â Eh bien, ma mĂšre ? â Eh bien ! mon pauvre enfant ! nos dettes payĂ©es, il nous reste deux cent cinquante-trois francs. â De rente ?⊠Ma mĂšre sourit tristement. â En tout ?⊠repris-je. â En tout. â Eh bien ! ma mĂšre, je prendrai ce soir les cinquante-trois francs, et je partirai pour Paris. â Quây feras-tu, mon pauvre ami ? â Jây verrai les amis de mon pĂšre, le duc de Bellune, qui est ministre de la guerre, SĂ©bastiani, aussi puissant de son opposition que les autres le sont de leur faveur. Mon pĂšre, plus ancien quâeux tous comme gĂ©nĂ©ral, et qui a commandĂ© en chef quatre armĂ©es, en a eu quelques-uns pour aides de camp, et les a vus passer presque tous sous ses ordres ; nous avons lĂ une lettre de Bellune, qui constate que câest Ă lâinfluence de mon pĂšre quâil doit dâĂȘtre rentrĂ© en faveur prĂšs de Bonaparte ; une lettre de SĂ©bastiani, qui le remercie dâavoir obtenu que lui, SĂ©bastiani, fit partie de lâarmĂ©e dâĂgypte ; des lettres de Jourdan, de Kellermann, de Bernadotte mĂȘme. Eh bien ! jâirai jusquâen SuĂšde, sâil le faut, trouver le roi, et faire un appel Ă ses souvenirs de soldat. â Et moi, pendant ce temps-lĂ , que deviendrai-je ? â Tu as raison ; mais, sois tranquille, je nâaurai besoin de faire dâautre voyage que celui de Paris. Ainsi, ce soir, je pars. â Fais ce que tu voudras, me dit ma mĂšre en mâembrassant une seconde fois ; câest peut-ĂȘtre une inspiration de Dieu. Et elle sortit. Je sautai Ă bas de mon lit, plus fier quâattristĂ© des nouvelles que je venais dâapprendre. Jâallais donc Ă mon tour ĂȘtre bon Ă quelque chose, rendre Ă ma mĂšre, non pas les soins quâelle avait pris de moi, câĂ©tait impossible, mais lui Ă©pargner ces tourments journaliers que la gĂȘne traĂźne aprĂšs elle, assurer par mon travail ses vieilles annĂ©es, Ă elle, qui avait veillĂ© avec tant de soin sur mes jeunes ans ; jâĂ©tais donc un homme, puisque lâexistence dâune femme allait reposer sur moi ! Mille projets, mille espoirs me traversaient lâesprit ; jâavais Ă la fois de la joie et de lâorgueil dans le cĆur, cette certitude de succĂšs, qui est une des vertus de la jeunesse ; car elle prouve que les autres pourraient compter sur vous comme vous pensez pouvoir compter sur eux. Dâailleurs il Ă©tait impossible que je nâobtinsse pas tout ce que je demanderais, quand je dirais Ă ces hommes dont dĂ©pendait mon avenir : Ce que je rĂ©clame de vous, câest pour ma mĂšre, pour la veuve de votre ancien camarade dâarmes, pour ma mĂšre, ma bonne mĂšre !...